Dormir à la maison lors d'un voyage au long cours est un luxe que peuvent se payer certains cyclotouristes privilégiés : Cependant il faut avoir suffisamment de volonté pour repartir.
C'est pourquoi il est déjà l'heure de la petite messe à Faverges, lorsque, jambes lourdes, nous abordons modestine et moi, la route de santa Fé après une visite de courtoisie dans les rues de Faverges.
Si le centre du bourg est calme à cette heure, le D 12 qui mène à Thônes, par la route des Esserieux, est fort encombrée des pendulaires et entreprises circulant entre ces deux localités.
Malgré l'heure matinale et le paysage de verdure, il fait déjà chaud.
Passé Serraval, le paysage et l'ambiance changent vraiment, nous sommes bien au cœur de la Haute-Savoie, celle des verts pâturages, des tarines, abondances et du reblochon.
Les fermes et chalets de bois, plus vrais que nature, le tintinement des bovidés semblent sortir d'une carte postale.
Le col du Marais ne constitue qu'un petit avant goût des cols qui nous sont offerts en ce jour.
Passé la scierie Barrachin à l'entrée de Thônes, les choses sérieuses débutent avec les rampes sévères du col de la croix Fry menant d'abord à Manigod
Saluant un ancien du gaz qui grimpe encore plus lentement que nous deux, sur un vélo d'avant guerre, je prends quelques bouffées d'oxygène et victuailles avant d'aborder les terribles pentes à la sortie du village.
La vue qui s'étend sur la tournette, le Sulens et l'aiguille de Manigod fait un peu oublier la galère :
"P.. que c'est raide , chaque tour de pédale est une portion gagnée sur la pente " , mais les derniers hectomètres sont moins pentus.
Posant ma compagne à proximité de la pancarte sommitale, grâce a sa jambe de bois, je note que le CG a posé une borne horodateur.
Je vais t'en bailler moi de chronomètre, j'ai passé l'âge de me comparer au star système, notre exploit est tout autre, nos montres sont d'ailleurs en bois.
Nous nous laissons à présent glisser tranquillement vers la Kitsch La Clusaz, que nous passons sans coup férir, avant de tobogonner immédiatement, passé le pont sur le Borne, en direction du col de la colombiere par le grand Bo.
Jetant un œil sur son magnifique bulbe entre pétarades et chalets géraniées, nous voici sur les rampes finales après le Chinaillon chère à l'isabelle.
Que de souvenirs sur ces belles rampes herbeuses, la goudron encore marqué par les traces de pneus lors d'un furieux démarrage avec mon ami Dédé Angeloz en 1985, alors que jeune, beaux et cons, nous nous identifions aux couraillons.
Et je m’écrie, une fois passé le col de la colombiere , comme pourraient le faire les pierres roulantes : "Satisfaction", d'autant plus que le cabot que je suis est fier d'être applaudi par un jeune américain qui visiblement apprécie l'effort.
Cette fois ci les pentes vertigineuses de ce côté Nord du col sont prises en descente, les freins ont intérêts d'être efficaces
Mais je ne rate pas le ravitaillement au Reposoir, la bien nommée, d'autant plus que la jeune patronne est plutôt mignonne dans son joli imprimé fermière qui vole au vent, engendrant en moi des endorphines.
Rosé des prés, plat du jour, et hop on the road again par la cote de Romme, pas très longue, quoique ces 6 kilomètres sont plutôt indigestes a l'heure de la sieste.
Mais la récompense est a la hauteur de la suée : Le village est beau, géraniums, tas de bois bien rangé et vue imprenable sur cluses sa vallée et les montagnes environnantes
La descente vers cluses est vertigineuse, fraîche à cette heure, mais je pense a ces pov ‘ jeunes hommes que l'on oblige ) s'échiner sur ces rampes lors du tour de France 2009.
Cluses est passé sans même un regard pour son école horlogère et ses nombreuses officines de micromécanique, préférant l’ombre bienfaitrice des platanes de la rue de l’Arve.
Il faut à présent suivre la direction de Sallanches par la route principale vers Magland.
Suivant les conseils de véronique, une amie internaute, je suis, peu avant le village, la petite route dite de la tour noire, qui à flanc de coteau permet de visiter les jolis hameaux de cette vallée plutôt austère si on suit l'axe principal.
Il faut parfois ressortir la carte, le plan et sa langue afin de demander aux indigènes la piste qui mène aux étoiles.
Me voici durant 1 km dans une barotiere dans la forêt de résineux
Point de Charly Mottet à Sallanches, peu avant la route de cordon je suis l'ancienne route de Combloux.
La pente est très sévère, 15 % averti la pancarte , bah plus c'est raide plus c'est court pense fanette, ma monture, que neni, ca grimpe encore et encore sur une route étroite, magnifique certes mais infestée de tous ces gros connards, bourges et bobos qui passent des vacances de luxe à Combloux, Megève ou dans ces beaux chalets à mi pente.
Apres 7 km d'effort intense, voici Combloux, mais je ne dormirai encore pas chez la dame de haute Savoie comme Cabrel, mais un peu plus loin
Saint Gervais grouille, Le Fayet chauffe, et Servoz est un peu plus frais grace à l’ombre du géant blanc.
L’arrêt sera donc marqué au camping tenu par Maurice un ancien tirailleur sénégalais à l'humour très africain, mais aux poches bien cousues au vu des tarifs exorbitants de cette nuit.
La soirée se terminera autour de quelques bières au restaurant de la faune.
Pour les stats le compteur marque 136 kilomètres et point de temps, point de donnes débiles du style j'ai roulé en PMA et PPDA ou autres.