C'est peu avant les matines, que Claudio démarre de Champel, pour rejoindre les bords du Léman en direction de la France voisine.
Alors que quelques joggeuses callipyges déambulent le long des quais Gustave Ador, qui s'en fout complètement depuis longtemps, l'orage gronde en face sur les monts du jura, déversant des rideaux blancs de pluie, bienfaitrice certes, mais dont le cycliste se passerait bien à cette heure.
Suivant béatement le balisage de la Suisse à vélo N° 46, soi dit en passant remarquablement identifié par Vesenaz, ST Maurice, Hermance, ils passent la frontière sans aucune formalité administrative, si ce n'est qu’une première grosse radée, heureusement de courte durée.
Chens sur Léman, continue à ériger ses immeubles qui poussent comme des champignons nucléaires : Claudio se demande ou tous ces nouveaux gens peuvent bien travailler .. en Suisse peut être .
La France est calme sta' matin, les touristes pas encore installés dans les campings du bord du Léman ; nous profitons donc de ce calme pour louvoyer sur les pistes ou voies dites vertes récemment déroulées par le conseil départementel de la haute Savoie : que Dieu les bénisse pour ce gymkhana dédié aux chiens, chats, poussettes , mémés, callipyges, et .. éventuellement aux cyclistes qui se font rabrouer s'ils osent rouler sur la route attenante.
A Thonon, mon ami Jean Paul ne répond plus, Mais mon Dieu pourquoi m'a tu abandonné toi aussi ? qu'importe nous filons doux vers Evian en suivant le balisage tour du Léman ViaRhôna, ma foi assez fiable, à une ou deux petites exceptions prés : Mais peu importe, Claudio est dans son jardin, mais quid du néo cycliste ?
St Gingolph est tatin comme la tarte, par la D 1005, au revêtement tout neuf, et très légèrement élargie : la circulation est fluide et les camions de graviers des carrières de Lugrin, restent sagement derrière nous, lorsque des voitures roulent dans l'autre sens : Y aurait il eu des consignes ?
Les rails qui traversaient la route à deux endroits sont en cours d'extraction : Est ce à dire que la ligne du Tonkin bougerait ? voie verte, voie de chemin de fer ? çà fait 20 ans que Claudio en entend parler.
Nous passons la douane sous l’œil goguenard des argousins suisses, qui ne manquent pas d’humour en me demandant si je ne transporte pas de cadavre dans mes sacoches ; ce à quoi je réponds : non, que des sandwiches que la Jo m'a préparés.
Nous retrouvons la tranquillité le long des vraies bandes cyclables Suisses peu avant Le Bouveret.
Et voici donc le fleuve qui alimente le Léman, j'ai nommé le roi Rhône, endigué, coincé entre ses talus dont la digue vient juste d’être travaillée et le roulage de la piste cyclable ; refait.
C'est donc un vrai billard de plaisir que de rouler en vue des eaux boueuses du Rhône.
Nous sommes en Valais : sur les montagnes abruptes qui entourent la vallée, les orages pétouillent sur les sommets, et déroulent la pluie comme des tapis blancs qui descendent le long des sillons creusés par les torrents.
Nous passons entre les gouttes, sauf du coté de Sion ou nous essuyons notre deuxième radée de la journée
C'est par une succession de zig et de zag , à suivre le balisage , nous fourvoyant parfois en plein champs que nous passons Sion très bouchonnée et puis Sierre.
(Les rats sont à Sion et les souris à Sierre comme disent les indigènes.)
Assez rit, nous optons pour la grand' route, heureusement assez bien munie de bandes cyclables (pas comme en France voisine) pour atteindre Susten, au pied de Leuk.
C'est après une grosse bosse, particulièrement assassine ; de 1.3 km a 9.3 % de moyenne, comptées, pédale après pédale ; , que nous posons nos sacoches dans un zoli hôtel :
Cossu mais simple, la classe suisse quoi, le charme discret de la bourgeoisie, pour un prix équivalent à un hôtel français :
Nous apprécions d’autant plus que l’hôtesse est affable : Belle soirée à bouffer les sandwiches de la Jo en admirant le Rhône situé 130 m plus bas ainsi que les montagnes qui dominent la vallée.
Le château de Leuk s’éclaire et Claudio s’éteint doucement endormi par le fleuve dont le ronronnement remonte jusqu’à sa chambrette.